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Dualité d'ex-pmette

nuage16mai.pngNon, une pmette qui vit le bonheur de bercer enfin un bébé n'oublie pas ses années de galères. Ces dernières semaines, le boomerang me revient souvent des émotions vécues, des frustrations, des ressentis.

Je le sens quand à la longue table de la cantine, l'assemblée essentiellement féminine se lance sur un débat/concours des derniers exploits des minis. Quand mon "moi-maman" sourit béatement en me disant que ça y est, moi aussi j'ai ma carte de membre. Mais j'ai un mode sécurité fortement ancré, qui me retient de tenir trop longtemps ce type de conversation, qui me rend attentive à celles qui plongent le nez dans leurs assiettes en se découvrant une soudaine (et inexplicable, vu le menu) passion pour son contenu. Celles qui ont certainement de bonnes raisons de vouloir fuir ce sujet. Celles dont je faisais partie il y a peu encore. Je copine du regard, je souris discrètement, je lance une passionnante discussion sur un sujet autre.

Je le sens quand je me plains de petites nuits, de dents qui font bobo, de repas à négocier serré pour que bébé nuage les avale...j'ai presque l'impression de faire une blague. Parce qu'en fait, même pour les réveils en pleine nuit, ma petite voix me répète "tu as de la chance! c'est du bonheur de pouvoir vivre ces si douces contrariétés, de s'inquiéter, de se plaindre...". Je m'entends encore dire ou penser très fort en serrant les mâchoires "arrêtez de vous plaindre de vos mômes, y'en a qui donneraient tout ce qu'elles ont pour pouvoir avoir vos cernes/laver les cacas qui débordent/se brouiller avec le conjoint qui ne veut pas se lever/ne pas réussir à perdre leurs kilos de grossesse...". Donc auto-flagellation quand je me laisse aller à des plaintes. Je ne m'en sens pas le droit, je culpabilise après coup. 

Comme si je trahissais mon "moi-pmette", mon moi d'avant, celle qui faisait partie du club des looseuses-au-ventre-stérile, unies dans la détestation des ventre-ronds, dans les parcours du combattant.

Je l'ai ressenti de façon cuisante quand j'ai lu ces billets qui prennent aux tripes des pmettes toujours sur le quai, qui déversent -et comme elles ont raison, comme je les comprends- leurs haines envers DNLP (Dame Nature La Pute, pour les non-initiés, ceux sans cicatrices), leurs blessures et leurs désespoirs post-échecs. Je me suis sentie impuissante et surtout non-autorisée à ne serait-ce que tenter un commentaire de soutien. Parce que j'ai perdu ma carte de membre ? Parce que je suis passée du côté clair de la Force en expulsant bébé nuage ?

Cette dualité, c'est encore une marque à vie des ex-pmettes. Avoir galéré avant, et se sentir encore bridée une fois maman, comme retenue par la pudeur, par l'expérience, par le respect envers les candidates au tirage au sort de la cigogne, proches ou anonymes que je croise de plus en plus sur ma route.

Mais j'ai créé ce blog aussi pour ça, pour parler de la pma, mes souvenirs de pendant, et mon ressenti d'après. Parce qu'il n'y a pas que sur la peau que j'ai des tatouages, mais dans le cœur aussi. Parce que je veux concilier mon parcours et sa continuité. Parce que mon soutien envers celles (et ceux à leurs côtés, que je n'oublie pas) qui galèrent reste entier. Elles peuvent m'en vouloir, j'ai détesté avant elles les mamans du monde entier, je comprends. Je suis là pour compatir, c'est un minimum. Et en même temps, je revendique haut et fort mon statut d'agent double fière de l'être:

Je n'ai pas oublié mon moi-pmette si meurtrie, je veux profiter de mon moi-maman pleinement et sans culpabiliser. Je suis les deux. 

Et je vais m'inscrire au BAMP, tiens.

Commentaires

  • C'est bête on peut pas mettre "j'aime", parce que cette dualité je la ressens en ce moment, et j'aime ces mots, maux. J'ai l'impression qu'on abandonnera toujours une part de nous sur ce quai, une part que plus jamais on ne pourra retrouver.

  • merci à toi. oui, cette part arrachée c'est l'insouciance piétinée, les rêves abîmés, la frustration de l'artificiel et du laborieux alors qu'on pensait que ça serait "tout naturel". j'espère que dans les mentalités les parcours pma deviendront aussi (re) connus que ceux traditionnels, pour ne plus subir cette marginalisation pendant, ni ce sentiment ambivalent de l'après quand on a eu la chance d'en sortir avec un ticket d'or...

  • Je ne sais pas quoi dire, ancienne PMETTE, depuis que j'ai ma fille je ne me sens plus du tout pmette, je suis hyper heureuse pour mes copine C1, alors que avant... Mais surtout je n'ai jamais ressentis de haine envers personne, en plus d'etre toxique pour sois meme c'est encore pire pour les autres. EN revanche sans haine j'ai connu la jalousie des copines enceinte quand moi je ne faisait que bouffer des hormones ...

  • Je pense que la PMA est encore présente dans mon esprit surtout parce que plusieurs proches sont encore concernés. La haine dont je parle cible le destin/les années sans résultats/la nature injuste etc, jamais de personnes directement en ce qui me concerne. La jalousie oui, l'envie, étaient envers les ventres épanouis quand le mien restait juste rond de mes bourrelets et rien d'autre. Je me réjouis pour chaque annonce de grossesse sincèrement, mais mon cœur bat plus fort encore quand je sais que la belle nouvelle vient après un long parcours.

  • Je comprend ces ressenti dont tu parles, ce rattachement permanent à la réalité d’ex-pmette, cette volonté de prouver qu’on oublie pas les copines sur le bord mais je ressens ces derniers temps chez les pmettes qui obtiennent le ticket d’or comme tu dis justement une nécessité de presque s’en excuser. Je trouve ça vraiment dommage, nous sommes une communautés de femmes unies par la galère mais je suis sincèrement heureuse pour toutes les réussites et « miracles » que l’on voit ici ! L’abutissement De tout ça pour moi est que nous arrivions toutes a avoir un petit au bout et si possible avec le moins de cicatrices. Alors c’est sûr qu’on peut s’empêcher de râler de son enfant quand on sait que les copines galerent toujours mais zut même en étant dans ce parcours on a conscience des difficultés de l’apres! On a conscience des difficultés d’avoir un nourrisson, du manque de sommeil, de la tension dans le couple etc. Alors on le fait comme tu dis avec plus de tacte mais j’espere Que nous toutes auront la chance de râler sans (trop) de culpabilité (et gentiment) et notre môme qui dort pas parce que cela voudra dire qu’on a réussi et que nous ne sommes pas traumatisées à vie...
    Ps: je ne sais pas pourquoi je n’arrive pas a m’abonner à ton blog :/

  • Oui, il m'arrive maintenant de souhaiter à mes proches en pma de vivre nos courtes nuits, et je pense souvent à mon "moi d'avant" pendant les moments moins chouettes, genre cette nuit de poussée dentaire terrible il y a 4jours...
    Quant à l'abonnement, désolée je ne sais pas si c'est l'hébergement du blog qui bloque (je ne suis pas chez WordPress)

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