10 mois, en pma, c'est pour moi une éternité. La vie ne nous a pas épargnés pendant cette période, et cette aventure pour faire un 2ème bébé se rapprochait, je le sentais, de son terme. L'échec de septembre surtout a été très dur à vivre. Pourtant, depuis ces années, j'ai eu à 12 reprises l'occasion de subir cette attente des résultats, ce tunnel des deux semaines où on perd ses repères, où l'espoir lumineux et la profonde tristesse s'alternent. Mais le résultat de septembre a été terrible; un cycle bizarre, pas de signes précurseurs de règles, une angoisse étouffante,....et finalement un tout petit taux, traître fantôme de ce que ça pouvait donner, mais bien trop peu pour espérer.
J'ai toujours préféré enchaîner. Je sens que les pauses ne me sont pas bénéfiques, je "buzille" trop, et le temps qui passe m'oppresse plus qu'il ne me calme. Oui, la petite puce à la maison qui ne fait pas de belles nuits, ça use beaucoup d'énergie quand on doit puiser pour un protocole si lourd.
Il nous restait 3 embryons. Je sentais que je ne tenterai pas une autre ponction. Je voyais l'échéance arriver, je me demandais jusqu'à quand on essaierait, quand faudrait il nous résoudre à cette famille déjà si merveilleuse, ce trio. Je voulais en transférer 2, papa nuage 1 seul. Je me suis rangée à son ressenti. Et j'ai copié les conditions qui avaient fonctionné pour notre puce (après 3 ans, 3 IAC et 6 transferts): un arrêt, de l’acupuncture avec ma sage-femme. Et la puce en vacances, pour son plus grand bonheur et notre plus grand repos.
Des crampes. Ces derniers jours avant le résultat où je ferme presque les yeux en allant aux toilettes, de peur d'y découvrir des traces rosées annonciatrices de règles. Un énorme poids sur les épaules (mon dos se coince, d'ailleurs). Et puis faire plus de route pour aller dans LE labo, reproduire jusqu'au bout les conditions, en ne faisant pas de test de grossesse avant. On tourne superstitieuse, quand on a tout essayé.
Et ce coup de fil surprenant en fin de matinée quand d'habitude les résultats tombent en début d'après-midi. La gynéco de PMA directement, qui a "une bonne nouvelle pour vous ce matin". Je m'entends crier comme une petite fille, la mienne accourt pour voir ce qui fait si plaisir à maman. (on ne lui dit rien pour l'instant, mais elle comprend beaucoup). Un taux positif !! Qui évolue dans les jours qui suivent.
Bien sûr on vit encore d'échéances. Attendre cette écho début novembre pour exclure une GEU, un œuf clair et autres nuages noirs. Espérer voir un clignotement de cœur, l'entendre même peut-être. Et puis les autres étapes, croiser les doigts, entretenir l'étincelle.
On a finalement été les grands gagnants une seconde fois. Paradoxalement, ce 2ème parcours PMA a été pour moi plus douloureux que le premier, pourtant très éprouvant moralement avec ses échecs inexpliqués à répétition. Mais j'ai davantage de préoccupations extérieures, moins d'insouciance, plus d'années au compteur.
Je voudrais pouvoir vivre cette grossesse. Ne pas la craindre, la subir, en redouter l'arrêt brutal. Oserai-je dire "en profiter"? C'est certainement ma dernière. Créer ma bulle, m'épanouir, élargir mon cocon familial comme je le sens, vivre cette aventure pleinement avec mon si courageux compagnon et ma si lumineuse loupiote. Ne rien regretter.
La PMA est une chance incroyable et une expérience marquante à la fois. On rêve désespérément d'un résultat positif, mais on reste en mode "survie", redoutant de nous projeter quand cette chance arrive. Et on culpabilise, bien sûr. Mes hormones explosives me font vivre les montagnes russes. Je ne sais pas qui peut me comprendre, c'est si personnel, si déstabilisant et si fort à la fois.
A toi, bébé Numérobis qui s'accroche dans mon ventre, merci de nous avoir choisi.
Et vivement la prochaine étape, et plus de sérénité, je te promets que je vais essayer.